Avant la suite de nos aventures sur l’île de Mare, nous vous proposons un petit intermède zoologique. Vous connaissez sans doute notre goût pour l’observation et la photographie des bêtes en tous genres, et en particulier des arthropodes. Ici, y’a de quoi faire, et surout avec les crustacés. Voici donc quelques bestioles cuirassées que nous avons rencontrées.
A Ouvéa, sous un tronc d’arbre à une bonne centaine de mètres de la mer se trouvait ce petit crabe brun, bien planqué dans un terrier et pas content d’être dérangé. Sa face ventrale est joliment colorée de rouge, jaune et violet.
L’animal est d’une remarquable –et bien compréhensible– agressivité, comme vous pouvez le constater sur cette vidéo.
L’identification est difficile, mais il pourrait s’agir de Cardisoma carniflex…
Si vous avez déjà marché sur une plage des tropiques, vous avez certainement observé deux types de crabes très communs.
Sur les rochers, on trouve des crabes plats, à la carapace marron striée de blanc, quasi insaisissables du fait de leur rapidité et de leur agilité. Mais pas pour votre serviteur...
Et une deuxième vidéo pour vous montrer que ces machins (Grapsus sp.) sont vraiment difficiles à chopper.
Sur ces mêmes plages tropicales, on constate dans le sable des trous de diamètre variable, avec un petit monticule de sable à leur entrée. Si l'on reste immobile suffisamment longtemps devant, on peut avoir la chance d'oberver la chose responsable de ces terriers. Il s'agit de crabes (Ocypode sp.) dont l'activité me semble surtout nocturne, et qui ont des yeux splendides. Ces bêtes-là sont souvent au menu des concurrents de Koh-Lanta.
Un des animaux terrestres les plus étranges de Nouvelle Calédonie est sans doute le crabe des cocotiers (Birgus latro), le plus grand des arthropodes terrestres. Le bestiau pourrait peser jusqu’à 17 kg… Malgré son nom, sa morphologie évoque plutôt celle du bernard-l’hermite, avec un abdomen long et souple. D’ailleurs, il fait partie de sa famille (super-famille des Paguroidea), et se protège avec ce qu’il peut quand il est jeune. Nous n'en avons vus que sur des étalages à la fête du vivaneau à Maré, les pinces attachées par des bandes de caoutchouc, mais ils étaient tout de même impressionnants.
Ce colosse aurait une force herculéenne. Il serait capable de casser des noix de coco avec ses pinces. D’après Marcel (cf premier post sur Mare), il faut mettre une bonne quantité de cailloux sur le couvercle de la marmite où l’on le conserve en attendant de le cuire, sinon il se fait la malle. Sa biologie est très intéressante, mais je vous laisse lire l’article de wikipedia la détaillant.
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(photo pas de nous) |
Nous avons assisté à Mare à une chasse au crabe des cocotiers. Il s’agit d’attirer la bête avec une noix de coco sèche coupée en deux, et que l’on fixe au bout d’un bâton, face blanche au-dessus. Le bâton doit être solidement fiché dans le sol, car le crabe va essayer d’y monter et de se barrer avec la coco. Ce piège doit être posé à flanc de falaise, dans un sous-bois (même s’il n’y a pas de cocotier, le crabe mangeant plein d’autres choses). Il faut passer voir les pièges vers une heure du matin afin de surprendre le bestiau en pleine gloutonnerie. Vu que 1h du matin, c’est beaucoup trop tard, on y est allé vers 19h30, et on est revenus bredouilles.
Il est surtout capturé et consommé à Maré. Cependant, des cas d’intoxication mortelle après consommation de crabe des cocotiers ont été rapportés. Il semblerait que les crabes incriminés avaient mangé du faux manguier (Cerbera manghas).
Toujours dans la super-famille des Paguroidea, le bernard-l’hermite prend ici des formes très diverses. Du mini-bernard squattant une coquille de bigorneau au crabe des cocotiers, il y a un monde.
Hier soir, nous campions dans le Sud-Est de la grande terre. Un tas de vieilles noix de coco avait été jeté dans un coin et partiellement brûlé. Espérant y trouver enfin un Birgus latro non empaqueté, je m’aventurai la nuit venue vers ces noix de coco fort appétissantes pour un pagure, et ne fus qu’à demi déçu. Point de crabe des cocotiers, mais des bernard-l’hermites terrestres non moins monstrueux, pris en flagrant délit d’empiffrage, l’air honteux, tel des boulimiques surpris en pleine nuit la main dans le frigo.
Ha ha ! Ces bestioles sont vraiment marrantes, elles me font penser à des personnages de Bob l'éponge. Je commence à jouer avec. L’un sort de sa coquille et s’en va dans l’herbe, poursuivi par son abdomen tout mollasson.
Et là, c’est le drame. Un des bernard-l’hermites (je sais pas lequel, mais si je le retrouve ça va chier) profite de mon inattention pour me choper un bout de peau de mon éminence thénar gauche, et serre de toute ses forces avec sa grosse pince. Aïe aïe aïe, ça fait un mal de chien, et surtout le saligaud ne veut pas lâcher, malgré les mouvements réflexes que j’effectue spasmodiquement comme si j’avais un bout de scotch sur le doigt. Au bout d’une minute (peut-être moins, mais ça m’a semblé une éternité), j’arrive enfin à m’en débarrasser. Bilan : une vilaine plaie heureusement pas bien profonde, et une douleur persistante pendant quelques heures… Je l’avais bien cherché !
Comme quoi les arthropodes ,même dotés d'un abdomen tout mollasson , ont le sens de la famille, Parugoidea bien sûr !Quand on s'appelle Dubée , il faut savoir où l'on met ses précieux orteils , surtout quand on crapahute aussi loin de son bord de mer natal.
RépondreSupprimerToujours aussi délicieux. Je vous bois comme je lis un beau livre illustré.
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