Nous partons de bonne heure pour Roh, au Nord de l’ile, accompagné de « la Maman ». Elle se prénomme Pinaco, a environ 65 ans, et est originaire de Lifou, la plus grande des Loyautés. Elle est veuve depuis pas mal de temps, et vit dans la tribu de Wabao à Cengeite (commune du Sud de Mare, pas loin de notre hôtel). De confession catholique, elle a été éduquée par des sœurs avant d’épouser un Maréen en 1968. Elle a 6 fils et une fille, qui vit avec elle après avoir été abandonnée par un mari violent. Elle est vêtue, comme une majorité de femmes kanaks, d’une robe missionnaire (robe longue imposée par les premiers évangélisateurs pour masquer la nudité des femmes autochtones) très colorée.
Pinaco s’exprime en français avec un accent assez net, même si elle reste toujours compréhensible. Elle s’installe à l’arrière de notre voiture, et nous guide sur les routes non fléchées de Marée. Dans cette ile comptant officiellement 5500 habitants, il semble qu’elle connait tout le monde, et on s’arrête régulièrement pour prendre quelqu’un en stop ou pour discuter avec un kanak. Elle nous raconte plein d’anecdotes, c’est passionnant !
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En chemin vers Roh |
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y'a pire comme chemin... |
On arrive tout de même à Roh, où a lieu la fête du Wajuyu (vivaneau en nengone), au moment du discours des officiels. Ceux-ci sévissent sur un podium situé à une extrémité d’un terrain vague rectangulaire. Un des grands côtés de ce rectangle est constitué de stands où des kanaks vendent des produits locaux : tarot, igname, patates douces, crabes des cocotiers, et bien sûr vivaneaux ! Il y en a d’énormes.
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Même les patates sont meilleures là-bas |
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Gros Wajuyu (au 1er plan) |
En face sont situés des petites échoppes où l’on peut se restaurer, ou acheter des babioles. Caroline s’offre un chapeau qui s’avèrera bien utile.
Après le discours fleuve et poliment écouté (du moins au début) des officiels, on a le droit à une super chorégraphie d’inspiration traditionnelle effectuée par des jeunes garçons de Maré. Pendant la danse, des kanaks viennent déposer un billet dans la coiffe ou à la ceinture des jeunes, comme dans une boîte de strip-tease (enfin je dis ça mais je n'y suis jamais allé, hein). C’est pas discret du tout, ils prennent tout leur temps…
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Les jeunes danseurs et leurs admiratrices en robes missionnaire |
Toujours accompagnés de Pinaco, nous partons ensuite faire un tour de l’ile. Avec un guide pareil, c’est bien différent ! Les kanaks nous invitent chez eux, nous offrent le thé ou des fleurs de tiaré… Sans Pinaco, nous aurions par ailleurs eu beaucoup de mal à trouver même les sites les plus touristiques : les routes ne sont pas du tout indiquées, et il s’agit parfois de pistes toutes pourries.
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L’église catholique de La Roche, deuxième ville de Maré |
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Le « saut du guerrier » |
Nous rentrons à Cengeite où Pinaco nous apprend à faire des couronnes de fleurs avec le tiaré que nous avons récolté et une liane qu’elle ramasse dans son jardin.
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Et la gagnante de Miss Maré 2010 est… |
Nous partons ensuite (sans Pinaco) à la plage de Pede, située non loin, où il n’y a pas de barrière de corail. Il y a donc rapidement assez de fond pour qu’on puisse observer des gros poissons. Nous rencontrons un poisson porc-épic, que je taquine jusqu’à ce qu’il se gonfle et se hérisse. Plein de majesté, un gros poisson Napoléon (Cheilinus undulatus) vogue dans le bleu à une dizaine de mètres de nous... Alors que nous faisons le tout d’une grosse patate de corail, Caroline me serre fort la main : un requin ! Il s’agit d’un requin à ailerons blancs du lagon (Triaenodon obesus) d’environ 1,50 mètre, qui fait le tour de la même patate de corail que nous (les grands esprits se rencontrent). Il s’éloigne rapidement, avant de revenir droit sur nous, qui nous étions réfugiés au sommet de la patate. Caroline flippe un peu et me jette en pâture à la bête (ou bien se réfugie derrière moi, j’hésite encore). Arrivé à deux mètres de nous, il dégage enfin définitivement. Chouette rencontre, surtout quand on sait que cette espèce est inoffensive !
Nous finissons la journée par une visite d’une « piscine naturelle », étendue d’eau salée isolée de la mer et d’une impressionnante clarté. Les poissons y sont habitués à l’homme, et surtout aux bouts de pain que les touristes leur jettent. Nous ne les décevons pas.
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A la bouffe ! |
Nous finissons la journée dans notre bungalow, avachis sur le lit, à regarder NCIS en mangeant du pâté Hénaff. Elle est pas belle la vie ?
Les cochons de Lamballe (je parle des animaux) vous ont accompagnés jusqu'au bout du monde. C'est beau.
RépondreSupprimerUn vrai délice , ce blog ; belle rencontre que celle de Pinaco ...Voyager , c'est aussi partager avec les habitants ...un repas ...un thé ...des anecdotes . Profitez-en bien et encore merci de prendre le temps de nous faire vivre vos découvertes .
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